L'aile de structure bois comprenait un longeron principal en caisson, et un faux longeron arrière portant les articulations des volets et gouvernes. Le revêtement, à l'exception de ces derniers, était réalisé en contreplaqué. Cette voilure était construite en 3 tronçons, dont la partie centrale était fixée sur le fuselage. Des freins de piqué sortaient de l'extrados et de l'intrados. Des ailerons et volets de courbure à fente occupaient tout le bord de fuite. Le fuselage était également composé de 3 parties démontables.
A l'avant, une cabine étanche cylindrique, réalisée en contreplaqué doublé de laine de verre, à l'exception du cadre arrière, construit en caisson d'acier inoxydable, et du nez, qui comportait 3 coupoles hémisphériques coiffées d'une ogive en plexiglass. Ce nez vitré, démontable, servait de porte d'accès et était larguable en vol. Le pilote était couché sur un brancard, éjectable en cas d'ennuis graves (la séparation du pilote intervenant alors ensuite, à l'ouverture du parachute normal, le brancard étant stabilisé par un parachute anti-vrille). La partie centrale, supportant la cabine, la voilure et le train d'atterrissage, était en tubes soudés. La partie arrière était en bois, avec revêtement de contreplaqué, les empennages étaient en bois, classiques. L 'atterrisseur comprenait une roue principale escamotable, avec amortisseur et frein hydraulique, une roulette de queue et des balançines rétractables dans les extrémités de l'aile centrale. Les commandes essentielles se faisaient par bielles, traversant le cadre arrière de cabine via des joints étanches. Le planeur disposait d'un système de conditionnement d'air après brassage, par un ventilateur, l'air était séché par passage sur du carbogel, puis privé de son C02 par de la chaux sodée, et enfin réchauffé sur des résistances électriques. L'alimentation en oxygène était assurée par des bouteilles (oxygène gazeux). Le Br-903 devait être équipé d'un émetteur-récepteur radio VHF. Il était prévu de lâcher ce planeur à l'altitude maximum permise par un avion remorqueur volant à plus de 200 km/h.
Le pilote est couché sur le ventre et contrôle à l'aide d'un rétroviseur son tableau de bord placé à l'arrière.
Histoire résumée Issu de projets d'avant-guerre, mais tenant compte des recherches allemandes effectuées durant le conflit, ce planeur stratosphérique fut d'abord étudié au sein de l'Arsenal de l'Aéronautique, par une équipe comprenant MM. JARLAUD, CARTIER et SCHNEIDER, entre autres. Après abandon du projet par l'Arsenal, le contrat de la construction fut repris par la "S.E.V.I.M.I.A." (Société d'Etudes Victor Minié Aéronautique) où le planeur stratosphérique reçut l'appellation S·10, sous laquelle il devait être généralement connu.
En début mars 1954, la Société Breguet, qui s'était créée un département planeurs, reprit a son tour l'étude et la réalisation du S-10 qui devint à cette occasion le Breguet 903, la construction fut poursuivie à l'usine d'Aire·sur-Adour sous la direction de M. Cartier, le programme étant toujours sous la responsabilité de M. Jarlaud (qui travaillait à la SEVIMIA depuis 1949). Le Br-903 était un planeur destiné à effectuer des vols à très haute altitude (plus de 12000 m), en particulier pour des recherches météorologiques et de physique de l'atmosphère.
L'appareil dont la construction fut anormalement longue ne vola jamais. Il subit des essais statiques, puis des essais de résistance de la cabine en pression et au froid, dans le laboratoire des usines Chausson. La cabine étanche fut ensuite expérimentée en caisson à Brétigny (1958). Mais l'intérêt offert par le "S-10" semblait désormais limité. On était devenu moins optimiste quant à l'altitude qu'il pourrait atteindre. Le programme fut définitivement abandonné en début 1960. En effet, ce programme ruineux sera rendu inutile par les rapides progrès de l'aérospatiale.